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XIV. la Rançon

« Je voudrais rester un mois de plus à Arklow, et que Félixérie me rejoigne, mais ses parents ne voudront jamais. Ils ont peur que je prenne un acompte sur notre mariage. Ils sont relous.

– Ils ne sont ni relous ni lourdingues, ils s’inquiètent pour leur fille, et c’est normal. Crois-tu que mon père ne s’inquiétait pas pour moi quand j’avais son âge ? Et j’ai encore honte de tout ce que je lui ai fait subir. Va ! Ne pleure pas, je vais m’arranger pour la faire venir. Je vous surveillerai pour que vous ne fassiez pas de bêtises.

– Je ne suis plus un petit garçon.

– Je te taquine. »

La conversation revint vers Zoé.

« Comme je regrette de ne pas avoir été là quand elle a réglé son compte à Thanatos. Je m’y connais en arts martiaux, j’aime bien quand ça cogne.

– Puisqu’il est de retour, vous aurez sûrement l’occasion de lui en mettre une.

– J’espère bien ! As-tu revu Zoé après votre retour ?

– Bien sûr. Nous restons en contact. Malheureusement, Félixérie vient de m’apprendre qu’elle a mystérieusement disparu. Je suis très inquiet.

– Je l’ai appris lors de mon voyage à Paris. La police a très peu d’espoir de la retrouver, mais moi, je la trouverai, dussé-je retourner toute la terre.

– Si Votre Majesté voulait bien me prêter une bêche, j’aimerais retourner avec elle.

– Nous sommes devenus amis. Mes amis m’appellent Lynda, et ils me tutoient.

– J’essaierai, Votre Maj… Lynda. »

La journée s’acheva.

Lynda sommeillait profondément quand une sonnerie caractéristique sur son ordinateur, qu’elle avait laissé en veille, retentit au beau milieu de la nuit. Elle se retourna sur son lit en grommelant et se rendormit.

Skipe la réveilla une seconde fois. Elle ne voulait pas déranger Julien, mais elle se glissa néanmoins hors de sa couche et chercha, en tâtonnant à travers la chambre, cette machine destinée à servir l’homme, mais qui l’asservit le plus souvent. « Judith appelle » s’afficha sur l’écran. Elle hésita, puis répondit. Le visage moqueur de Judith apparut.

« Salut, impératrice des gallinacés. Je te réveille, j’espère.

– Et pourquoi tu m’appelles à deux heures et demie du matin ? Ça ne peut pas attendre ?

– Ah ! Mais si ! J’aurais pu t’appeler dans la journée. C’est juste pour mieux te pourrir la vie.

– Je t’écoute.

– J’ai des nouvelles de Zoé. Ça t’intéresse ?

– C’est toi qui l’as enlevée ?

– Ah ! Non ! Ce n’est pas moi. C’est O’Marmatway, alias Thanatos.

– Tu es de mèche avec ce cuistre ?

– Je travaille pour lui. Il est mon maître, et moi sa maîtresse. Si ce n’est pas de la collaboration !

– Viens-en au fait : où est Zoé ?

– Dans un lieu sûr, et en bonne santé.

– Tu as intérêt, sinon… »

Judith éclata de rire.

« Sinon quoi ? Tu te fâches tout rouge ? Allons, pour te montrer que je suis une bonne fille, je vais te la passer, ça te prouvera qu’elle est en vie. »

Sur l’écran, le visage cruel de Judith disparu pour laisser place à celui de Zoé, un visage contrarié par la fatigue. La jeune femme, assaillie d’une émotion soudaine, refréna ses sanglots.

« Zoé ! Ma petite Zoé ! C’est bien toi ? Est-ce que tu vas bien ?

– Lynda ! J’étais certaine que tu me répondrais. Tu as entendu mon appel au secours.

– Oui, Zoé, je l’ai entendu.

– Comment ont-elles pu communiquer ? » s’exclama Judith, effrayée.

« Tu n’es pas dans les papiers du Ressuscité, tu ne peux pas comprendre. Zoé, je te le promets, je te délivrerai de ces malfrats. Je me battrai jusqu’au bout. Ils ne t’ont pas maltraitée, au moins ?

– Comme tu le vois, j’ai les joues roses, les dents blanches et le regard pétillant.

– Si quelqu’un a osé te toucher, je lui broie tous les os entre mes doigts.

– Personne ne m’a touchée. »

Judith éclata de nouveau de son rire moqueur et reprit le contrôle de la communication.

« Passons aux choses sérieuses : nous sommes bien disposés à te rendre cette chipie, ce matin même si tu veux. Bien entendu, il y aura un prix à payer. Rassure-toi, ce n’est pas toi qui paieras, c’est la Syldurie.

– Et pourquoi la Syldurie ?

– Parce que la Syldurie est un pays insolent qui résiste à la puissance des ténèbres et à l’esprit de Sodome. C’est elle qui doit payer. Thanatos et moi, nous détruirons la Syldurie, nous coulerons ton navire, et comme tu en es le capitaine, tu sombreras avec lui. Bien entendu, tu ne fais intervenir ni la police ni ton armée, sinon ton amie mourra dans de terribles souffrances. D’ailleurs, tu ne sais même pas dans quel pays nous sommes.

– Oui, bon, ça va ! Combien veux-tu ?

– Rassure-toi, une peccadille pour un royaume prospère comme le tien, seulement vingt-cinq milliards d’euros. Thanatos accepte que tu nous paies en quatre fois sans frais.

– Tu ne toucheras pas un centime de franc CFA, je délivrerai Zoé, et je te mettrai mon poing sur la figure en prime.

– Toujours aussi prétentieuse ! »

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