Piques 81 à 90

81. Vous avez dit ramuchon ?

C’est une chanson que chantait ma grand-mère et que ma mère m’avait apprise :

Y avot eun fos
Din min gardin
Tré tchots garchons qui pécototent des ramuchons.
I savotent bin qu’i pouvotent point.
I pécototent toudi n’s’en faisotent point.

Fier d’être le seul de ma classe à connaître une chanson en chti, je suis allé la chanter à tout le monde.

Mal m’en a pris, car aux récréations, toutes les filles de l’école me couraient après en me criant :

« Ramuchon ! Ramuchon ! Ramuchon ! »

82. Baudelaire

Quelqu’un avait dit à Charles Baudelaire que s’il voulait devenir riche et célèbre, il fallait qu’il se fasse imprimer en Belgique. Il a donc déménagé à Bruxelles et s’est fait imprimer. Malheureusement pour lui, après avoir été imprimé en Belgique, il n’était ni plus riche ni plus célèbre qu’avant. Ça l’a vexé à mort.

Il s’est vengé en écrivant contre la Belgique et ses ressortissants des choses abominables, entre autres, que les femmes belges sont toutes moches et qu’elles sentent mauvais. J’ai suffisamment d’amis belges pour infirmer ces médisances.

Faut-il, dès lors, s’étonner qu’à Bruxelles, il y ait une rue Tryphon Tournesol, mais pas de rue Charles Baudelaire ?

83. Le Marquis de Bifenbaf

Je n’ai pas tout à fait inventé le nom du marquis de Bifenbaf. Bifenbaf, c’est un hameau en Loir-et-Cher. Ce doit être terrible d’habiter Bifenbaf. Heureusement que Bifenbaf ne compte pas 90 000 habitants. Imaginez qu’un flic vous demande de décliner votre adresse : vous lui répondez Bifenbaf. Il croit que vous vous payez sa fiole et, à tous les coups, vous vous prenez un elbédé dans l’œil.

84. Anticonformisme

Tous les moutons bêlent en sol majeur et moi en la bémol. C’est pour cela que ça coince.

85. Carnet de voyage

Ceci ressemble à une caricature de l’Allemagne, et pourtant, ça m’est arrivé :

Débarquant dans une auberge de jeunesse de Cologne, je me présente à l’accueil pour y remplir le formulaire. Le gars me dit :

« Fotré nomm ? »

Alors je lui dis mon nom.

« Fotré prénomm ? »

Pareil.

« Fotré atresseu ?

– …

– Trapstéli ?

– Pardon ?

– Trapstéli ?

– Ich verstehe nicht.

– Trapstéli ? Foussafé… trapstéli ? Pourtormir ? »

86. Vladimir le Grand

Vladimir, prince de Novgorod et Prince de Kiev était un chaud lapin, à son surnom officiel de « Soleil rouge » répondait le sobriquet de « Fornicator maximus ». Ajoutons à cela qu’il fit assassiner son frère Iaropolk pour s’emparer du pouvoir. Saint-Vladimir n’a pas toujours été un petit saint.

Le monothéisme était très tendance, à l’époque et Vladimir, qui ne voulait passer pour un ringard a décidé de s’informer sur la question. Il invita donc des responsables des principales religions qui, chacun saisissant l’occasion, lui firent une bonne publicité pour leur boutique.

« Si tu vis comme un bon musulman, tu iras au paradis, et le paradis c’est en endroit chouette où tu auras des tas de jolies femmes pour toi tout seul, autant que tu en voudras.

– Ah ! ouais ! Ça m’intéresse.

– Évidemment, il y aura tout de même quelques petites obligations. D’abord, il faudra faire cinq prières par jour, la première à quatre heures du matin.

– Ah ! Oui ! C’est tout de même assez contraignant. Enfin, soit.

– Il faudra aussi que tu te fasses circoncire.

– Aïe aïe aïe ! Et c’est vraiment indispensable, ça ?

– Absolument. Et ce n’est pas fini, tu n’auras plus le droit de manger du cochon.

– Pas de cochon ? C’est dommage ! C’est pourtant bon, la rosette !

– Nilzia (verboten) !

Et bien entendu, pas question de boire de l’alcool.

– Quoi ? L’alcool aussi, c’est nilzia ?

– Nilzia !

– Alors là non ! Sans alcool, c’est niet ! »

Avec le judaïsme, ce n’est pas mieux : circoncision et pas de cochon, et en plus, faire la bamboula le samedi, ça aussi c’est nilzia.

Il ne reste plus que le christianisme.

Oui, mais lequel ?

Le catholicisme, ce n’est pas marrant. À cette époque, les églises ne payaient pas de mine et les célébrations étaient plutôt tristounettes. En revanche, les églises orthodoxes, construites sur le modèle des temples grecs en jetaient un peu plus et les prêtres étaient un peu mieux fagotés, et puis, il y avait du spectacle.

Vladimir se décida donc pour la religion orthodoxe. Il se fit baptiser. De même, tout le peuple reçut le baptême sans qu’on lui demandât son avis.

C’est ainsi que la Russie est devenue chrétienne.

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